La Marine Nationale a aussi son Crunch

La Marine Nationale a aussi son Crunch

5 avril 2018 Non Par Valériane Fourmy

Alors que le mois dernier nous fêtions le grand chelem de l’Equipe de France féminine de rubgy, la Marine Nationale finissait d’organiser le huitième crunch de son histoire. Plongée au cœur de cet événement exceptionnel aussi appelé « L’Entente Cordiale. »

Ce mercredi 4 Avril avait lieu le « crunch », ou trophée de « l’entente cordiale » au Stade Léo Lagrange de Toulon entre la Marine Nationale Française, et la Royale Navy Anglaise. Nous sommes allés à la rencontre du Rugby Club de la Marine Nationale Féminine (RCMN/F) et notamment de sa manager Fiona Byrne, présente depuis la création du club, pour en savoir plus sur l’histoire et la passion qui animent ce maillot.

Bientôt 10 ans d’histoire

Sous l’impulsion du chef d’Etat Major de la Marine Nationale en Novembre 2008, l’équipe féminine du Rugby Club de la Marine Nationale est créée et devient rapidement une discipline phare aux côtés de la voile. Fiona Byrne explique qu’avant la création officielle du club, il existait des joueuses sur la Presqu’île de Crozon qui jouaient en loisir depuis 2007, et qui sont en quelques sortes à l’origine de cette initiative. Au tout début de l’année 2009, la première équipe à 7 s’est formée et a pu compter sur deux fidèles joueuses Clémence R. et Eva Dourthe, encore présentes en 2018. D’ailleurs le RCMN/F a régulièrement participé au tournoi de rugby à 7 de Kinsale en Irlande, jouant alors contre des équipes venant de toute l’Europe, afin de pouvoir évaluer et améliorer son niveau. Avec passion et dévouement pour le club, Fiona Byrne a relevé le défi de constituer une équipe à 12 en 2011, puis à 15 en 2012.

Pour promouvoir le rugby féminin auprès des jeunes femmes en club, la Marine Nationale a mis en place des « contrats marine » d’une durée d’un an en partenariat avec des clubs jouant en Top 8, ou en Challenge Armelle Auclair, les deux premières divisions du championnat de France de rugby, et en fonction des besoins dans des postes administratifs dans la Marine Nationale. La communication en interne est privilégiée pour recruter de nouvelles joueuses, et ça fonctionne : depuis 2008, une soixantaine de joueuses ont porté ce maillot.

Côtés joueuses emblématiques, Caroline Ladagnous, Sandra Rabier et Amandine Vaupré ont participé à l’aventure en 2009. Milena Soloch, championne de France en 2016, et Internationale récemment sacrée lors du grand chelem, endosse également le maillot cette saison. Depuis, bon nombre de contrats marine ont suscité des vocations, et cinq ex-contrats marine se sont engagées.

Un club, mais des militaires avant tout

Les joueuses sont avant tout militaires et ont donc des obligations liées à leurs unités, et les diverses missions que leur métier impose. Il faut donc que les chefs d’unités « lâchent les joueuses et le staff de l’équipe pour pouvoir participer aux divers rassemblements comme les détections et les matchs, » explique Fiona Byrne. « Nous calons nos rassemblements en fonction des calendriers de la FFR et des diverses missions. » Si une joueuse est en formation, ou en mission, elle ne sera pas convoquée pour qu’elle puisse mener à bien ses engagements.

L’équipe se regroupe seulement 4 à 5 fois par an, ce qui est peu pour une équipe nationale. D’autant que les joueuses viennent de partout en France, et voient ici leurs seules occasions de jouer ensemble. Grace au soutien de l’Etat Major, les unités des villes où elles se rassemblent leurs fournissent le transport, l’hébergement et la restauration.

Le Trophée Entente Cordiale

Le Trophée « Entente Cordiale »

« Depuis la création de notre équipe, nous invitions les féminines de la Royale Navy à se joindre à nous, lors du crunch masculin. En 2011, elles ont créé leur équipe et nous jouions une rencontre cordiale. Pour cette première nous avons joué à 12 à Plymouth, » comme nous l’a sportivement indiqué Fiona Byrne. « Le trophée actuel s’appelle « L’Entente Cordiale » mais cette entente s’arrête aux bords du terrain, tout en restant fair-play pendant le match. »

Lors de la première rencontre, les Françaises étaient allées s’imposer 45-0 à Plymouth. Depuis l’année suivante, le rugby à 15 est bien en place en alternant les rencontres une fois en Angleterre, une fois en France. La Marine Nationale n’a jamais perdu depuis, et les scores sont sans appels :

2012 60-5 à Toulon
2013 48-3 à Portsmouth
2014 50-0 à Toulon
2015 27-3 à Portsmouth
2016 34-3 à Toulon
2017 35-17 à Plymouth

La sélection française 2018.

Un crunch, un nouveau record, et un départ d’une cadre.

Après une semaine de pré-selection sur une trentaine de militaires disponibles, le staff a retenu les 23 joueuses nécessaires le lundi 2 avril. Le vivier dans la Marine Nationale augmente de plus en plus, suscitant de nouvelles vocations.

Ce mercredi 4 avril à Toulon, le RCMN/F accueillait donc ses consœurs de la Royale Navy accompagnées de la musique de la Flotte de la Marine Nationale, pour jouer les hymnes notamment.
Sans surprises, les militaires françaises ont dominé sur tous les plans de jeux et ont inscrit pas moins de 11 essais à zéro. Les Françaises l’ont emporté 67-0 signant un 8e succès d’affilé, et ont enregistré un nouveau record de points face à la Royale Navy. C’était aussi l’occasion pour la capitaine de l’Equipe depuis 2009 Clémence R. de finir sa carrière de la meilleure des manières, puisqu’elle jouait son dernier match avec le RCMN/F.

Le RCMN/F montre cette volonté de promouvoir à son niveau le sport féminin, au niveau local et interne à la Marine, et de montrer la voie vers les autres armées. Il n’existe pas d’autres équipes de cette pointure dans le monde de la Défense. Des prochaines rencontres tout aussi prestigieuses vont être mises en place comme un match contre l’Armée Britannique le 9 juin au Havre, pour commémorer la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Une tournée en Australie pour jouer contre leurs armées est également en prévision, ce qui démontre une réelle volonté de développement qu’on ne peut que saluer.

Credits photo @RCMN/F