Pauline Ado : « Je rêve de gagner une épreuve comme le Swatch Girls Pro »
10 juillet 2013Aujourd’hui a débuté le Roxy Pro de Biarritz. Une épreuve de surf où la française Pauline Ado possède de bonnes chances. Nous l’avons rencontré la semaine dernière à Paris, voici donc une interview de la jeune surfeuse où elle évoque, sa saison, ses objectifs mais aussi comment elle s’organise sur une année, ce qui ne semble pas toujours évident.
Pauline, après 7 épreuves disputées cette année dont deux 5es places, on dirait que la saison a bien débuté pour toi, on se trompe ou c’est plutôt une bonne analyse ?
On va dire c’est un peu de tout en fait. J’ai fait un bon début de saison avec un quart de finale sur la Gold Coast, après en Australie j’ai eu une ou deux déceptions, mais bon j’ai fait d’autres résultats assez corrects. Après, on a analysé mon début de saison et je remarque surtout que je score beaucoup plus en compétition qu’avant. Au niveau de mes scores en série, j’ai vraiment augmenté. J’ai gagné en régularité aussi. Donc je me dis que c’est un super point, et qu’il faut que je continue dans ce sens. Ça va payer au bout d’un moment.
Tu es très bien placée dans les rankings de l’ASP. Tu penses que tu peux encore évoluer dans ces classements ?
Oui d’abord au niveau des rankings je suis 13e mondial sur le classement du championnat du monde et là l’objectif c’est d’être dans le top 10 donc il faut que je cartonne sur les prochaines étapes. Et en « Star » je suis 7e et là aussi j’aimerai bien monter un petit peu dans le classement donc y a encore plein de choses à faire.
Tu seras en août sur le Swatch Girls Pro à Hossegor, ce sera l’avant dernier événement Star Event de la saison, on imagine que tu comptes faire le maximum devant ton public ?
Oui forcément, moi Hossegor j’y vais depuis que je suis toute petite, j’ai fait pas mal de compétitions là-bas, donc forcément c’est un endroit que je connais bien, que je porte dans mon cœur aussi. Et c’est vrai qu’on n’a pas souvent l’occasion de surfer devant son public. On fait le tour du monde, les compétitions se passent à l’étranger : en Australie, Californie, Brésil. Et là c’est l’occasion de voir mes proches, ma famille, mon encadrement pour me soutenir. Je sais que si j’ai un souci, ils sont là, et ça c’est hyper important aussi. Du coup j’ai envie pour eux de bien faire, pour mon sponsors Swatch qui organise l’événement aussi, pour mon classement … Pour tout quoi !
C’est une vraie motivation supplémentaire quand ils sont là ?
Oui c’est une motivation supplémentaire, mais c’est aussi un peu de pression, on est à domicile. Mais franchement c’est plutôt motivant et mon rêve serait de gagner une étape comme celle-là.
Justement quels sont tes objectifs pour la fin de saison ? Essayer de décrocher un podium, voire peut-être une victoire ?
Oui rester dans ce Top 10, une victoire ou mieux encore ce serait super.
Tu es toujours à la recherche d’une victoire marquante sur le circuit, c’est quelque chose vers lequel tu tends, qui te motive et ce pourquoi tu te bas on imagine ?
Bien sûr, en fait, en WQS (World Qualifying Series) dans ma carrière j’ai fait 4 finale et 4 fois j’ai pris la 2e places donc je commence à avoir un petit complexe à ce niveau là … (rire) Dans ma carrière j’aimerai bien avoir au moins une victoire à mon actif donc pourquoi pour cette année ?! On verra.
Aujourd’hui tu arrives à vivre de ta passion, c’est un peu comme un rêve éveillé non ?
Oui c’est un peu ça. Depuis que j’ai 13-14 ans, c’était mon rêve de devenir surfeuse pro. J’ai eu l’occasion de côtoyer des surfeuses pros donc j’ai rêvé très vite de ça. Et maintenant je vis ce rêve, je me sens épanouie et j’espère que ça va continuer comme ça.
Aujourd’hui tu vis des gains en compétition mais aussi de tes sponsors, est-ce que tu sais qu’elle est la part de ce partage ? 50-50 ?
Ça dépend forcément des résultats mais en général les sponsors sont assez importants en surf car les prize money en surf féminin ne sont pas encore très élevés. Ça dépend aussi des profils, il y a des surfeuses qui ont beaucoup de sponsors, d’autres qui en ont moins, et c’est pas forcément en rapport avec les résultats. C’est pour ça qu’une carrière de sportive c’est plein de choses, ce sont les résultats, de la relation publique, avec les médias, de l’image, beaucoup. Donc il y a plein d’aspect qu’il faut arriver à maitriser.
Avec tout ça, tu peux nous décrire comment se déroule une saison de Pauline Ado ?
En début d’année on commence par énormément de compétitions du côté de l’Australie de fin janvier à avril à peu près. Ensuite j’ai un peu de temps chez moi, et là souvent j’ai pas mal de sollicitations : médias, sponsors et même d’autres personnes. Donc je suis assez sollicitée. Et ensuite y a une deuxième partie de saison en Europe et aux Etats-Unis et de là on termine en octobre au Portugal. Et là ensuite en fin d’année, je ne sais pas trop mais il y a toujours des choses qui se rajoutent et des fois je dois même dire non à certains projets, certaines sollicitations.
Dans ces moments-là, y a aussi le fait de se reposer un peu, de prendre un peu temps pour soi, voir ses amis sa famille aussi non ?
Oui, souffler un petit peu, se ressourcer surtout. Parce que moi j’adore voyager, je suis une fan de voyages et j’apprécie vraiment les endroits dans lesquels je vais mais ça fait du bien de rentrer chez soi. Se poser un petit peu. Réfléchir à ce qu’on a fait de bien, de pas bien, ce qu’il faut changer, ce qu’il faut améliorer. Reprendre un petit peu d’énergie mentale aussi, c’est important d’avoir cette base.
Du coup pour toi ça s’organise comment ? Tu as un team à tes cotés pour t’aider ou tu dois tout organiser toute seule ?
C’est vrai qu’on est pas mal livrées à nous même. Il faut s’organiser, être vite indépendante et on apprend à se prendre en main en général. Moi la plupart du temps, c’est moi qui gère mes billets d’avion, mes logements, avec qui je voyage. Et après de temps en temps j’ai des aides de mes sponsors justement. Ils me facilitent la tâche, parfois ils m’invitent. Mais c’est vrai qu’en logistique, on devient rapidement pas mauvais.
Justement, ce n’est pas difficile à concilier quand on est surfeuse professionnelle et qu’il faut penser à la compétition, à l’organisation et au voyage ?
C’est un peu le stress supplémentaire toutes ces choses autours. Comme on dit, on est jamais mieux servi que par soi même. Du coup quand on le fait, on est sûr de ce qui est organisé, on ne s’inquiète pas de savoir si les gens ont pensé à ça pour vous. Mais c’est sûr que c’est un peu prise de tête, moi je me prends un peu la tête avec tout ça : quel est le meilleur billet ? le meilleur logement ?
Sachant qu’en plus les destinations ne sont pas toujours des vols commerciaux d’une capitale à une autre et qu’il faut encore trouver des vols ou des trains pour rejoindre une destination finale …
Oui plusieurs escales, plusieurs changements. On ne voyage pas non plus aux meilleures périodes de l’année, aux plus faciles pour trouver les meilleurs billets, pas le plus intéressant niveau tarifaire on va dire. Et il faut y passer un peu de temps.
Du coup tu nous parlais de logistique tout à l’heure mais il y aussi une question de budget qui entre en compte non ?
Oui bien évidemment. Après on a des budgets, on a des prize money, et chacun gère sa vie en gros. Et du coup, il y a des fois où il faut faire attention, d’autres où on peut faire un peu moins attention. Des fois je me dis : « ça c’est bon pour ma carrière, ça va me faire progresser, ça va m’aider, vas-y fonce » ou d’autres fois où je suis obligée de faire plus attention, comme tout le monde en fait.
Pour en revenir au sportif, as-tu un/une modèle du surf que tu as suivi, qui t’inspire, et dont tu rêves d’avoir la carrière ?
En fait moi une des personnes que j’admire le plus c’est Steph’ Gilmore, elle n’est pas beaucoup plus âgée que moi mais en fait dès que je suis arrivée dans le milieu du surf, on parlait déjà d’elle, on disait qu’elle avait une super technique et aujourd’hui je surfe contre elle parfois même sur le circuit. C’est vrai que c’est une personne qui m‘inspire par sa technique, par la confiance qu’elle dégage sur le surf en compétition.
Plus généralement dans la vie dans les autres sports ou la culture, il y en a d’autres aussi comme ça ?
Moi je ne vais pas dire qu’il y a quelqu’un que j’adore que j’admire mais je suis une vraie grande fan des événements sportifs. Par exemple l’année dernière pendant les JO, je regardais tous les résultats, toutes les interviews et les vidéos que je pouvais… Les Coupes du Monde, le Tennis, l’Athlé… J’aime vraiment ça car j’ai l’impression qu’en étant sportive de haut niveau, je comprends plein de choses, je sens que j’ai des points communs avec ces sportifs-là. Et puis ce n’est pas de la fiction, ces gens ont vécu des choses, c’est du vrai, du concret.
Très souvent, les sportives nous disent qu’elles ne pratiquent pas que leur sport de prédilections, quels sont ceux que tu pratiques toi, pour l’entraînement ou par plaisir ?
Oui j’ai fait du handball, donc je suis une fan de handball aussi. En fait, dès que je peux, je fais pas mal de sport en fait. Voilà, je m’entraine évidemment pour le surf, mais je fais aussi beaucoup de pala (NDLR : une des disciplines de la pelote basque), de squash. Et puis pour moi c’est aussi un jeu, une façon de penser à autre chose de m’amuser, j’ai toujours été dans cet esprit un peu « jeu » et un petit peu compétitif aussi et du coup le sport, ben j’adore ça !
Dans un sens c’est aussi un entrainement physique, on sait que les skieurs font pas mal de vélo… De par tes origines basques, on peut imaginer que tu peux aussi pratiquer des activités dans ce genre là… ski, snowboard …
Et bien en fait, je ne skie pas tant que ça parce que je ne suis pas souvent là. Je fais pas trop de snow, je skie un petit peu mais je n’ai pas souvent l’occasion d’y aller. Mais c’est vrai que je fais pas mal de sport pour garder la forme, développer l‘adresse, c’est hyper intéressant, jouer sur l’équilibre, très important en surf ! Y a plein de trucs intéressants dans les autres sports, et puis y des petits challenges aussi, aller faire un match contre quelqu’un, voilà, j’adore ça en fait.
En tant que fille du sud-ouest, y pas une obligation de suivre un peu le rugby un peu ou pas ?
C’est pas obligatoire, mais je suis un petit peu ouais. Pas tout le temps mais ça m’intéresse et forcément dans mon entourage, ma famille, on parle des rivalités…
Et du coup Aviron Bayonnais ou Biarritz Olympique ?
Aaaahhh plutôt Aviron en fait. J’ai été voir les deux équipes et au niveau de l’ambiance, ça n’a rien à voir. Les chants tout ça…