Pauline Ado : « Je ne prenais plus trop de plaisir »
15 décembre 2014Premier volet de notre entretien hivernale avec la surfeuse française Pauline Ado qui, après une année chargée et difficile, est redescendue d’un cran et ne disputera que le circuit de qualification de la World Surfing League (anciennement ASP World Tour) en 2015.
Pauline est-ce que tu peux nous dire comment tu as vécu cette saison 2014 ? Quel est ton ressenti sur cette saison décevante ?
C’était une saison un peu difficile pour moi. Je ne me requalifie pas à la fin de l’année sur le World Tour. Ça m’arrive souvent de commencer mes saisons un peu moyennement mais après de cartonner sur la fin de saison. Malheureusement ça n’est pas arrivé cette année. J’ai eu un peu l’impression d’être dédoublée sur les deux circuits (NDLR : ASP World Tour et Quylifying Series), ça a donc été une année particulièrement chargée. Au bout d’un moment je n’étais plus trop dedans et ça s’est vu. A la fin je n’étais plus dans le bon état d’esprit pour avoir assez de niaque pour être performante sur les compétitions. C’était dur parce que je ne prenais plus trop de plaisir donc c’était très compliqué.
Après une année compliqué comme ça on se pose forcément des questions : continuer ou pas ? Où va-t-on ? Comment on retrouve la niaque pour repartir l’année d’après ?
Et bien moi je me suis posée un peu ces questions en milieu de saison en fait. Ça n’allait pas trop et je me suis rendue compte que je ne prenais pas de plaisir, c’était dur… Finalement le choix s’est vite porté sur le fait de continuer parce que c’est ce qui me plaît. J’ai quand même une qualité de vie exceptionnelle. J’ai l’opportunité de le faire, si je mets les bons moyens en place, je vais me requalifier. Donc j’ai retenté ma chance… Mais finalement ça s’est mal terminé alors je suis assez contente que cette saison soit finie. J’ai hâte de passer à autre chose, penser à l’année prochaine.
Justement quel va être ton programme cet hiver avant une première compétition 2015 en Chine ?
Et bien tout ça va finalement arriver très vite. Je vais travailler sur mon matériel pour l’année prochaine, bosser la condition physique… Bon là je viens de rentrer d’Hawaï alors je vais laisser le surf de côté pendant quelques jours, faire un break. Cette année je n’ai vraiment pas arrêté, j’ai besoin de retrouver un bon état d’esprit, d’être à nouveau forte mentalement.
Cette coupure, voir sa famille, répondre aux différentes sollicitations, c’est l’occasion de faire autre chose non ?
Oui bien évidemment mais le surf reste toujours dans un coin de ma tête. Là je pense déjà à la saison prochaine. A la dynamique que je veux retrouver. Donc oui je vais prendre quelques jours à moi pour faire le point. (Elle se coupe) Non en fait le point je l’ai déjà fait. Je sais où je veux aller et ce qu’il faut que je mette en place pour y arriver. En fait cette année a été très chargée et j’ai eu l’impression d’être arrivée à saturation à un moment. Voilà, là ça fait du bien de remettre les choses à plat.
Cette première compétition va arriver très vite. Comment on trouve le temps à la fois de se reposer mais aussi de se préparer à cette nouvelle saison ?
C’est ça qui n’est pas évident en fait ! Cette année la coupure est très courte. D’habitude, nous avons plus de temps entre la fin d’une saison et la reprise de la suivante. Moi ce qu’il me faut vraiment, c’est de la fraîcheur mentale. Je vais donc travailler plus sur le qualitatif que sur la quantité. De toute façon, l’hiver, on est obligé de faire ça car les conditions sont assez rudes. Je vais rester un peu au Pays Basque, partir à la montagne, me faire des petits plaisirs persos pour m’aérer l’esprit. Refaire des globules, partir au grand air ! (Rires)
Quand on s’était rencontré il y a un an et demi tu nous avais dit que ça faisait longtemps que tu n’avais pas skié. Tu vas en profiter cette fois ?
Oui exactement ! Je vais en profiter pour remonter sur les skis. Étonnamment je fais plus de ski que de snowboard. C’est une façon de prendre un peu de recul aussi.
La saison 2015 va être très longue. Quelles vont être les grosses compétitions ? Celles où il faudra être performante ? Ou peut-être n’y a-t-il pas de choix à faire, il faut l’être tout le temps ?
Le problème c’est que c’est très étalé. C’est parfois désorganisé avec deux ou trois compétitions quasiment en même temps puis des trous d’un ou deux mois. Il faut donc aller chercher des points tant qu’on peut en prendre, surtout sur les gros WQS. Il y a une date particulière où l’on risque d’avoir une compétition plus importante que les autres cet été aux États-Unis mais le souci c’est que le calendrier bouge. D’ici deux ou trois mois, il peut changer même si certaines dates sont assez fixes au départ. Mon but, ça va être donc de prendre les points qu’il y aura à prendre et de commencer au mieux pour mieux gérer la suite. Moi j’ai plutôt tendance à chercher le résultat en milieu d’année. A part cette saison, les autres années ça m’a plutôt réussi. Mais cette année je veux essayer de frapper fort d’entrée.
En gros, montrer qu’il faut compter sur toi, que tu es là ?
Oui montrer que je suis là. Mais c’est aussi ce que tout le monde veut. Donc c’est une longue saison, il ne faudra pas s’affoler si les résultats ne sont pas là non plus sur les deux premières compétitions.
Tu disais que les compétitions peuvent changer de dates, Dans l’organisation que tu as, quasiment toute seule, c’est compliqué à gérer ?
Pas forcément car on est souvent prévenue deux ou trois mois à l’avance et puis comme il y a beaucoup de compétitions qui reviennent chaque année on est quand même un peu rodées.