Marrakech 2014 – Un grand cru
19 août 2014Du suspense, un plateau digne de finales mondiales ou olympiques dans certaines disciplines, des records à la pelle : cette édition des Championnats d’Afrique, plaisante et spectaculaire, a marqué les esprits sur le continent. Retour sur les moments forts de la compétition.
Photo ci-dessus : Relais 4×100 mètres – Podium, de gauche à droite : Côte d’Ivoire (Argent), Nigéria (Or) et Ghana (Bronze)
Sprint : Un match Côte d’Ivoire-Nigéria
S’il y a bien une finale qu’il ne fallait pas rater, c’était la finale du 100 mètres. L’épreuve reine proposait un duel de titans entre Murielle Ahouré, double médaillée d’argent aux mondiaux 2013, et Blessing Okagbaré, médaillée de bronze mondiale et olympique. Le titre est revenu à Okagbaré, la nigériane subtilisant d’un coup l’or et le record des championnats à sa rivale (11 secondes pile).
Mais l’ivoirienne s’est consolée sur le 200, remportant enfin l’or sur la scène internationale après 5 breloques en argent en 3 ans. Avec 4 médailles chacun sur 3 épreuves, dire que la Côte d’Ivoire et le Nigéria ont assis leur hégémonie sur le sprint serait un euphémisme. La zambienne Kabenga Mupopo a été la seule à tenter de briser cette tendance. En finale du 400m elle a battu le record de son pays en 51 secondes 22, et surpassé les 2 nigérianes Okon et Benjamin. Malheureusement il en restait une à terrasser, et la plus haute marche du podium s’est avérée trop haute. Mupopo et Abugan ont fini dans le même temps mais c’est Abugan qui a eu le dernier mot pour quelques millièmes.
Le Nigéria a pris l’avantage sur la fin de la compétition, en raflant l’or sur les 2 relais. Menées par Marie-Jo Ta Lou Gonezie (médaillée de bronze sur le 100 mètres et de bronze sur le 200) les ivoiriennes ont décroché l’argent sur le 4×100.
100 mètres haies : La sensation Steenkamp
Les candidates au titre étaient nombreuses, que ce soit l’ivoirienne Okou Bodjiho, la nigériane Denby ou la tenante du titre, la sénégalaise Faye. Mais personne n’attendait la sud-africaine Steenkamp, qui a déboulé du couloir 7, fini dans le même temps qu’Okou Bodjiho et Denby (13 secondes 26) et arraché l’or d’un cheveu. Avant de laisser libre cours à sa spontanéité et sa fraîcheur, remerciant pêle-mêle « ses proches, son entraîneur qui l’a remobilisée après les erreurs de la demi-finale, et bien évidemment Jésus ».
Saut à la perche : Le scénario classique
Les tunisiennes Syrine Balti et Dorra Mahfoudhi ont joué la même partition qu’en 2012. Mahfoudhi tâtonne, rate des essais, mais finit son concours suffisamment haut pour arracher le bronze. Et Balti quand à elle se retrouve avec une seule adversaire à gérer qu’elle finit par battre quand la barre se rapproche des 4 mètres. La marocaine Nisrine Dinar a résisté mais a dû se contenter de la médaille d’argent. Ces deux médailles et le sixième titre africain de Balti sauvent quelque peu le bilan de la Tunisie, dont la principale déception chez les féminines a été Habiba Ghribi (vice-championne du monde du 3000 mètres steeple, seulement 5ème de la finale).
Fond et demi-fond : Le Kenya et l’Ethiopie n’ont laissé que des miettes
Une domination prévisible mais qui a pris des proportions gigantesques. En 5 épreuves (steeple compris) les 2 pays ont glané 13 des 15 médailles en jeu, laissant deux 3ème places aux marocaines Arafi et Alami.
Sur l’ensemble de la compétition, le Kenya a pris le dessus sur son éternel ennemi (3 médailles d’or à 2, avec comme cerise sur le gâteau le 5ème titre africain sur 20 kilomètres marche pour la kenyane Grace Wanjiru).
Le point d’orgue de cette confrontation a été le KO technique assené à Assefa Tigist. La jeune éthiopienne pensait pouvoir tenir la dragée haute sur 800 mètres aux championnes du monde Eunice Sum et Janeth Kipskosgei, elle a subi le lourd apprentissage de la suprématie kenyane en finissant au pied du podium.
Pour finir, signalons que c’est grâce aux féminines que le Cameroun et le Burkina Faso ont sauvé leurs championnats avec 2 médailles d’or chacun : Nkouindjin (triple saut) et Mekemnang (lancer du poids) pour les camerounaises, Koala ( heptathlon) et Bambara ( lancer du marteau) ont apporté deux titres pour le Burkina, ce qui n’était jamais arrivé dans toute l’histoire des championnats d’Afrique.
Le tableau des médailles féminines :
Pays | Or | Argent | Bronze | Total |
Nigéria | 6 | 4 | 4 | 14 |
Kenya | 4 | 4 | 3 | 11 |
Afrique du Sud | 3 | 0 | 2 | 5 |
Ethiopie | 2 | 3 | 3 | 8 |
Cameroun | 2 | 0 | 1 | 3 |
Burkina Faso | 2 | 0 | 0 | 2 |
Côte d’Ivoire | 1 | 4 | 1 | 6 |
Maroc | 1 | 1 | 3 | 5 |
Tunisie | 1 | 0 | 2 | 3 |
Ghana | 0 | 3 | 1 | 4 |
Zambie | 0 | 1 | 0 | 1 |
Sénégal | 0 | 1 | 0 | 1 |
Egypte | 0 | 1 | 0 | 1 |
Botswana | 0 | 0 | 1 | 1 |
Ile Maurice | 0 | 0 | 1 | 1 |
Par Farouk Abdou, à Marrakech