Liz Wardley : « L’objectif est de ne pas finir avec des regrets. »

Liz Wardley : « L’objectif est de ne pas finir avec des regrets. »

29 juin 2015 Non Par Florian Polteau

Après Samantha Davies, Liz Wardley fait sans conteste partie des leaders du Team SCA qui vient de boucler la Volvo Ocean Race. Nous avons pu rencontrer la native de Papouasie Nouvelle Guinée lors de l’escale de la course à Lorient. Interview.

Liz, on vous imagine très fière d’avoir gagné cette étape entre Lisbonne et Lorient. Est-ce l’aboutissement plusieurs années de travail ?

C’est clair que c’est incroyable de gagner une étape ! On n’y croyait pas vraiment. On savait qu’on était capable de faire un podium mais pas de gagner une étape. Surtout avec autant d’avance comme ça. Faire ça à Lorient, on trouve ça assez spécial. On a beaucoup bossé, ça fait plus de deux ans qu’on y travaille. Je pense qu’on le mérite, vraiment.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez gagné cette étape : stratégie de course, choix du parcours ?

On a vraiment eu une bonne préparation avant cette étape. On a bien travaillé avec nos coachs et surtout avec un coach en navigation et stratégie. Il a travaillé jour et nuit sans dormir ! (rires) On est donc parties vraiment sereines avec des options bien claires avant le départ et ça nous a permis de prendre des décisions en pleine confiance. Et une fois dans la course, devant, on a compris que la vie était plus facile en tête. C’est quand même moins stressant, on n’est pas obligée de prendre des risques pour dépasser les autres. On est arrivée à conserver notre place en restant calmes et confiantes.

Liz Wardley et la Princesse Victoria de Suède, marraine bateau de Team SCA

Liz Wardley et la Princesse Victoria de Suède, marraine du bateau de Team SCA

Le fait que certaines d’entre vous vivent toute l’année en Bretagne a-t-il été un avantage supplémentaire ?

Ah oui ça c’est clair ! On a plusieurs filles qui connaissaient bien le parcours. On savait donc à quoi s’attendre. Quand les gens nous disaient que ça allait se bastonner au Cap Finistère, plusieurs d’entre nous étaient déjà allées dans ce bassin, donc en regardant la météo, on savait comment ça allait tourner, bien ou pas bien. On savait que les soucis ne dureraient pas longtemps donc il fallait juste continuer à pousser.

Aujourd’hui on est dans un jour de repos, ça fait aussi du bien d’être un peu à terre même si on est très sollicité ?

Oui. Etre sollicitée ça fait partie du jeu mais c’est aussi une occasion sympa de partager. On regardait des images toutes à l’heure des mers du sud, on vous a montré des vidéos et c’est bien pour nous de les revoir mais aussi de les partager. Parce que sinon on garde tout pour nous et on ne dit jamais à personne les choses qui nous sont arrivées ! (rires) C’est vrai en plus ! C’est très sympa ces moments de partage, même si ce sont des jours de repos. C’est vrai qu’on ne s’est pas entrainées aujourd’hui à la navigation du coup, mais oui on se repose un peu quand même.

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Demain, dernière étape entre Lorient et Göteborg. Y a-t-il un objectif sur la fin de la course ou l’objectif est déjà rempli en ayant gagné une étape ?

C’est toujours bien d’avoir un objectif et là, on a gagné une étape. C’est un grand « tick in the box » (NDLR : une case cochée). L’objectif, on se l’est toujours dit c’est de ne pas finir avec des regrets. Ca compte aussi pour cette dernière étape. Là on a gagné donc c’est difficile de faire mieux. On peut essayer en gagnant à nouveau mais avec plus d’écart mais ça va être très difficile, on est sur un parcours côtier. Si on repart avec autant de confiance et qu’on arrive à tirer le meilleur du bateau, on sera quand même contentes si on finit 6èmes ou 7èmes.

Quelle expérience vous vous allez tirer de cette aventure ? Avec tous les profils différents qu’il y a sur le bateau, qu’est-ce qui va ressortir de tout ça, pour vous ?

Je pense que ce serait le fait de naviguer dans une grosse équipe avec des filles qui ont navigué dans des domaines que n’avait jamais voulu faire : les dériveurs, la voile olympique des choses comme ça. Je n’ai jamais compris comment des filles pouvaient faire ça parce que ce n’était vraiment pas mon truc. Là je viens de faire un tour du monde elles et je vois qu’on peut s’adapter. J’ai pris un petit peu de chaque fille avec qui j’ai navigué et j’essaie d’observer leurs points forts pour grandir aussi en les reprenant pour moi.

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C’est l’avantage de la voile, on apprend continuellement. Il n’y a pas un stade où on se dit qu’on sait tout.

Oui il faut toujours être en position d’apprendre. Il y a des gens qui pensent qu’on sait tout et c’est ce qu’il y a de pire pour un voyage comme celui-là.

C’est là qu’arrive les malheurs en général !

Oui exactement !

La victoire de l’étape 8 Lisbonne-Lorient en vidéo :

La Volvo Ocean Race en quelques mots :

7 équipes
8 marins + 1 media man par bateau
11 marins + 1 media woman par bateau 100% féminin

Obligation des équipages :
entrainement à la sécurité, certificat de premiers soins, examens médicaux et dentaires, au moins 2 membre par équipe doivent avoir un entrainement médical, au moins 2 membre par équipe doivent obtenir un certificat de communication numérique, chaque équipe doit avoir couru au moins une fois 3 700 km (2 000 miles nautiques) en une seule fois avant le départ de la course.

Le bateau :
Volvo Ocean 65. Même modèle pour toutes les équipes afin de : réduire les couts, améliorer la compétition, avoir des voiliers plus performantes, optimisation médiatique (communication, médias, transmissions de données)

Edition 2014-2015 :
9 étapes, 11 villes
Départ Alicante (Esp) le 4 octobre 2014
Arrivée Göteborg (Sue) le 27 juin 2015
38 739 milles nautiques

Les Femmes dans la course :
1989-1990 : Maiden – skipper Tracy Edwards – Première équipe 100% féminine à participer
1993-1994 : US Women’s Challenge – skipper Nance Franck
1997-1998 : EF Education – skipper Christine Guillou
2001-2002 : Armer Sports Too – skipper Lisa Charles
2005-2006 : Adrienne Calahan, dernière femme à avoir participé à l’épreuve (avant 2014-2015) au sein du team Brasil 1
2014-2015 : Team SCA – skipper Samantha Davies – Première équipe féminine à remporter une étape (2015)

SCA c’est qui, c’est quoi ?

SCA est à l’ origine une coopérative suédoise des industries du bois. Au fil du temps, le groupe est devenu un des leaders mondiaux des produits d’hygiène et des produits de la forêt. Aujourd’hui, plusieurs marques que les français utilisent au quotidiens font partie du groupe SCA : Okay, Nana, Tena, Lotus, Demak’up ou encore Tork (produits professionnels). Présent dans 100 pays et fabriquant dans une soixantaine, le groupe SCA s’est lancé dans l’aventure sportive afin de faire connaître la maison mère de ses marques et produits. 80% des produits des marques SCA étant achetés par des femmes, le sponsoring d’une équipe de voile 100% féminine est vite devenue une évidence pour le groupe. SCA est également partenaire d’évènements running tels qu’Odysséa et la Parisienne ainsi que de la Croix Rouge en fournissant des kits d’hygiène gratuits à destination des sans-abris.