La grande désillusion
9 août 2012Battue par le Canada (1-0), ce jeudi, dans la match pour la médaille de bronze, l’équipe de France féminine quitte les Jeux Olympiques avec des regrets. Incapables de trouver le chemin des buts malgré de nombreuses tentatives, les Bleues finissent quatrièmes de ces JO comme l’an passé au Mondial.
25 tirs à 4. Voici la terribe statistique des joueuses de l’équipe de France de football qui se sont inclinées ce jeudi au terme d’un scenario terrible mais prévisible. Déjà battues en demi-finale par le Japon (2-1) alors qu’elles avaient outrageusement dominé, les filles de Bruno Bini ont une nouvelle fois laissé passer leur chance dans le match pour la troisième place. En cause, le manque d’efficacité devant le but adverse : 4 tirs cadrés seulement sur les 25 tentatives durant le temps règlementaire.
Un début de match fébrile
Invaincues face au Canada depuis une défaite en 2006 (1-0), les Françaises restaient sur trois succès de rang face à la sélection à l’érable dont une (2-0) en finale du tournoi de Chypre en mars dernier. C’est donc un adversaire que les Bleues connaissaient et qu’elles auraient dû dominer. Pourtant dès l’entame de la rencontre on sentait une certaine fébrilité chez les Tricolores à l’image de cette passe en retrait de Wendie Renard pour Sarah Bouhaddi qui finissait en corner (6e), de cette frappe de loin complètement manquée de Louisa Nécib (8e) ou de ce tir de Sandrine Soubeyrand qui finissait… en touche. Après un premier quart d’heure difficile, les Bleues entraient peu à peu dans la partie, laissant de côté la déception de la demi-finale. Elodie Thomis sonnait la révolte mais perdait son face à face une McLeod (27e) quasiment invincible durant cette partie. La fin du premier acte était clairement à mettre à l’actif des Françaises qui se procuraient encore deux occasions mais qui se heurtaient à la portière canadienne ou ne cadraient pas à l’instar de Thomis bien trouvée par Nécib mais qui voyait sa frappe fuir le cadre (45e).
Abily et Le Sommer ont fait du bien
Au retour des vestiaires, Marinette Pichon, consultante pour France Télévisions avertissait les Bleues : Gare à une nouvelle médaille en chocolat, une indigestion est vite arrivée. L’ancienne buteuse de l’équipe de France ne s’était pas trompée. Comme face au Japon, les Bleues se lancaient à l’assaut des buts canadiens en deuxième période, sans doute soucieuses de ne pas avoir de regrets. Delie (48e) ouvrait le bal avec une frappe qui frolait le montant de McLeod. Dans la foulée, Necib prenait sa chance sans plus de réussite puisque son tir était détourné en corner. A la 54e minute, Camille Abily faisait son entrée à la place de Sandrine Soubeyrand, six minutes plus tard, c’est Eugénie Le Sommer qui remplaçait Marie-Laure Delie. Ces deux changements faisaient du bien à la formation française qui appuyait sa domination. Sur son côté droit, Thomis faisait des misères aux Canadiennes et servait Thiney dont la frappe s’écrasait sur le poteau (61e). Deux minutes plus tard, c’est Thomis qui touchait du bois : sur une déviation de la tête de Le Sommer, la Martiniquaise héritait du ballon et déclanchait un tir qui allait mourir sur la transversale de Mcleod. A ce moment-là, on se demandait si la chance n’avait pas définitivement décidé de bouder les Bleues.
Une frappe cadré, un but pour les Canadiennes
A la 78e minute, c’est Corine Franco qui avait l’occasion de donner l’avantage aux Françaises mais sa frappe, à cinq mètres des buts, à la suite d’un cafouillage dans la surface, était déviée et finissait en corner. C’est à nouveau Franco qui se retrouvait à la retombée du coup de pied de coin, mais sa tête n’était pas cadrée.
En manque de réussite, les Bleues commençaient à s’agacer comme sur ce coup franc indirect dans la surface canadienne gagné par Thomis mais mal exploité par les Françaises. Décalée par Necib, Le Sommer frappait de loin mais ne cadrait pas sa frappe ce qui lui valait des remontrances de Sonia Bompastor . A trois minutes de la fin du temps règlementaire, le pied gauche de Bompastor trouvait la tête d’Abily, mais une fois de plus, la tentative de la Lyonnaise passait à côté. Une minute plus tard, Necib frappait de 20 mètres, mais son ballon connaissait le même sort.
Et ce qui devait arriver, arriva. Sur une de leur rare offensive, les Canadiennes crucifiaient les Françaises alors qu’on se trouvait dans le temps additionnel. Matheson héritait d’un ballon mal renvoyé, s’appuyait sur Schmidt dont la frappe mal repoussée revenait sur la numéro 8 du Canada qui inscrivait le seul but de la partie sur l’unique frappe cadré de son équipe. Les compatriotes de Céline Dion pouvaient exulter : elles avaient réussi le hold up parfait bien aidé par le manque d’efficacité des Bleues pourtant ultra dominatrice mais qui venaient de prendre une leçon de réalisme.
Quelques secondes plus tard, l’arbitre sifflait la fin de la rencontre et les Françaises en larmes, s’effondraient sur la pelouse du stade de Coventry. Comme l’an passé, lors du Mondial, les Tricolores finissent à la 4e place, « la place du con » comme elle l’ont elles-même baptisée. Plus qu’une indigestion, les filles de Bruno Bini garderont sans doute longtemps le goût amer de cette médaille en chocolat.
CANADA – FRANCE : 1-0 (0-0).
Arbitres : Jenny Palmqvist (Suède).
12 465 spectateurs.
BUT. Canada : Matheson (90’+2).
AVERTISSEMENT. France : Abily (90′).
CANADA : McLeod – Wilkinson, Moscato, Sesselmann, Nault (Chapman, 84’) – Matheson, Scott, Schmidt – Trancredi (Timko, 77’), Filigno (Kyle, 56’) – Sinclair (cap). Non entrées en jeu : Le Blanc (g), Zurrer, Stewart, Gayle, Parker. Sélectionneur : John Herdman.
FRANCE : Bouhaddi – Franco, Georges, Renard, Bompastor – Soubeyrand (cap) (Abily, 54’), Bussaglia – Thomis (Catala, 90’+2), Necib, Thiney – Delie (Le Sommer, 61’). Non entrées en jeu : Deville (g), Boulleau, Viguier, Meilleroux. Sélectionneur : Bruno Bini.