« Elles sont les 24h du Mans » : la journée des femmes sur le circuit mythique

« Elles sont les 24h du Mans » : la journée des femmes sur le circuit mythique

8 mars 2015 Non Par Virginie Bonnamy

Créateur et organisateur des 24h du Mans, l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) a organisé le 24 février dernier une journée bien particulière. Avec « Elles sont les 24h du Mans », l’objectif était de promouvoir la course auprès du public féminin à travers les femmes qui gravitent autour de la course mythique.

L’arrivée sur le domaine du circuit, dès 9 heures du matin, est impressionnante. C’est immense. Une véritable ville dans la ville. Quand on n’est jamais venu, il est difficile d’imaginer cet espace grouillant de monde et d’adrénaline. Au programme de la journée : karting, rencontre avec les femmes des 24h du Mans, baptême en Porsche. Soit quelques heures intenses au cœur d’une passion. La matinée se passe au volant des karts à nous échauffer : on se prend vite au jeu de la conduite de ces petits engins au ras du sol malgré le froid. A ce petit jeu, les trois meilleures s’avèrent Christine Beckers, ancienne pilote professionnelle, Gaëlle Duval, la femme de Loïc, vainqueur des 24 heures en 2013 et Laury Thilleman, consultante Eurosport et passionnée de sport automobile. La journée s’achèvera un peu plus tard en touchant du doigt une infime partie de ce qu’on peut ressentir sur un circuit : un tour en Porsche ! Au volant, d’abord : « Ah, vous n’avez pas de double pédales ? Et si j’abîme la voiture, c’est grave ? – Rassurez-vous, elle n’a pas eu une rayure, les pistes sont larges et le copilote est compétent. » Puis sur la place du passager : sensations fortes garanties. Vitesse, freinages, dérapages, tout y passe. L’expérience est extraordinaire !

Tout aussi intéressantes furent les heures passées à écouter certaines des actrices de la course raconter leurs parcours, leurs expériences et la manière dont elles voient la place des femmes dans un sport qui, même mixte (un des seuls avec la voile, la softball ou l’équitation), reste une activité dans laquelle les hommes sont les plus nombreux.

Quand on est mordu de sport et qu’on a parfois jeté un œil du côté du sport automobile, on a déjà entendu les noms de Christine Beckers et Vanina Ickx. La première, pilote professionnelle des années 1970, est un modèle d’obstination : « On me jetait par la porte, je rentrais par la fenêtre. » D’une passion née enfant en suivant son père lors d’un Grand Prix de F1, elle a fait un métier qu’elle a exercé sur circuit, en rallye ou encore en course de côte. Et à près de 70 ans, c’est bien elle qui a été la plus rapide sur le circuit de karting le matin même : le talent ne s’étiole pas ! Vanina Ickx de son côté n’est retraitée que depuis peu après avoir dédié plus de dix ans de sa vie au sport automobile. A 40 ans, même si elle admet qu’être femme, « fille de » et talentueuse lui ont rendu service, elle confesse avoir l’impression d’avoir toujours dû en faire plus que les hommes qu’elle a côtoyés : « en dehors de la piste, chaque bataille compte. »

Dans le paddock, il y a d’autres femmes que l’on croise souvent : ce sont celles qui partagent la vie des pilotes. Qu’elles soient du genre impliquée, à suivre les chronos et se déplacer sur toutes les courses, ou plus indépendantes, sur le mode « chacun son métier », elles ont un véritable rôle que souligne Emmanuelle Lecompte, infirmière anesthésiste bénévole pendant les 24h : « les femmes des pilotes sont très respectées. Les pilotes restent des humains et en cas d’accident, ils ont besoin de leurs proches à leurs côtés. » Elles sont un soutien moral essentiel, même hors course, pour des hommes soumis à une tension quasi permanente. Pour autant, elles ne vivent pas la peur au ventre, ce qui étonne, vu de l’extérieur. Mais c’est compréhensible : quand on vit avec un pilote, on accepte la part de risque qui va avec, vivre dans la peur n’est pas vivre, justement.

Parmi les femmes « à responsabilités » des paddocks, on trouve aussi Béatrice Bourgault ou Florence Pham. Pour croiser la première, c’est du côté d’Oak-racing, qu’il faut chercher : responsable commerciale depuis 2013 mais avant tout passionnée, elle vibre depuis plus de 10 ans au rythme des 24h du Mans. La seconde, après avoir gagné le rallye des Gazelles en 2003, a intégré Nissan où elle gère le parc presse. D’une voix assurée, elle affirme que « quand on a des compétences, on obtient les responsabilités qui vont avec, peu importe le genre. » Voilà qui est clair !

Les 24 heures du Mans, ce sont aussi ces personnalités indispensables et leurs témoignages sont parmi les plus frappants. Quand on s’appelle Emmanuelle Lecompte et qu’on œuvre comme infirmière, ou Lydie Riou, commissaire de course, ce sont une douzaine de week-end annuels qui sont consacrés au sport automobile : il faut aimer la course, les pilotes et l’ambiance !

Si vous discutez avec n’importe quelle personne, homme ou femme, qui gravite autour des 24 heures du Mans (à toutes celles précédemment citées, ajoutons Magali Serafin et Hélène Dagoreau, qui s’occupent de la communication du circuit – je dois d’ailleurs à cette dernière une jolie conversation autour du métier-passion), l’impression qui domine, c’est celle d’une immense famille, unie autour d’une simple course. Mythique et incontournable, certes, mais un tel engagement interpelle… et attire, indéniablement. En quelques heures, l’envie est née d’aller tâter l’ambiance mancelle en juin prochain. A suivre !

La journée en images :

Femmes du Mans

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La Journée en vidéo :


24 Heures du Mans – "Elles sont les 24 Heures… par lemans-tv