France-Angleterre : l’analyse tactique

10 juin 2015 Non Par la Rédaction

Un temps pluvieux, un stade champêtre, un adversaire prenable, la Coupe du Monde des Bleues pouvait enfin commencer. Ce mardi 9 juin 2015, les Françaises rencontraient les Anglaises à Moncton (Canada). Une affiche européenne pour cette première rencontre et une victoire poussive des filles de Philippe Bergeroo (1-0). Retour sur le match en 3 points.

Une équipe anglaise organisée quasi à la perfection

Le 4-4-2 de Philippe Bergeroo est bien connu. Pour son 1er match dans la compétition, le coach tricolore n’a pas changé. Bouhaddi dans les cages, Renard-Georges en défense centrale, Houara à droite. Majri ou Boulleau à gauche ? Finalement, l’ex gardien a tranché et a préféré l’expérience de la Parisienne. Au milieu, la doublette Henry – Abily. Sur l’aile droite, Thomis garde sa place. À gauche, Louisa Nécib. En attaque, Thiney et Le Sommer qui font des étincelles ensemble. En face, le jeune Mark Sampson (32 ans) a mis son équipe type s’articulant en 4-4-2 en attaque et en 4-5-1 en défense. L’idée est d’attendre les Bleues pour mieux les contrer.

Pour ça, les Britanniques s’appuient sur deux lignes très compactes. Le marquage individuel est de mise afin de faire déjouer les Bleues et ne pas les laisser accélérer le jeu. Les Françaises ont souvent plus de mal sur attaques placées. Pendant une demi-heure, les Anglaises vont tenir. Leur projet de jeu n’est pas bien glorieux, mais les Françaises ont du mal à se créer des occasions à part sur coups de pied arrêtés ou sur des frappes lointaines. De surcroît, le jeu tend trop à droite. Le ballon passe avant tout par Amadine Henry qui s’occupe de la 1re relance. Elle cherche en priorité Jessica Houara, très offensive tout au long du match. Mais les centres sont trop peu nombreux, car les Anglaises coulissent rapidement. Finalement, les Bleues sont obligées d’allonger le jeu et profitent de la vitesse d’Elodie Thomis ou Eugénie Le Sommer pour bouger la défense britannique plutôt lourde.

Sur le plan offensif, les Anglaises balancent et cherchent avant tout la vitesse d’Eniola Aluko. Intenable sur le front de l’attaque, elle avale les kilomètres. Avec sa comparse Ellen White, elles ne se perdent jamais de vue pour combiner. Surtout, cette tactique permet au bloc de remonter et réduire les espaces entre les lignes. Finalement, les Anglaises ne vont se procurer que de rares occasions, surtout en seconde période lorsque les Françaises se sont faits peur … plusieurs fois. A force de jouer avec le feu, les coéquipières de Wendie Renard auraient pu se brûler. Il faut même une intervention de grande classe de Laure Boulleau en fin de match pour éviter le pire.

Les Bleues ont bien gagné la rencontre (1-0). Elles se sont appuyées sur une maîtrise collective supérieure et un duo en attaque performant. Eugénie Le Sommer a débloqué le match à la 30e d’une frappe limpide après une récupération de Gaëtane Thiney. Comme quoi, le plan des Anglaises était que presque parfait.

Amandine Henry, XXL

Elle est la joueuse phare du milieu français. Elle est la joueuse phare de l’OL. Son nom, c’est Amandine Henry. Contre l’Angleterre, elle a rendu une copie parfaite. Présente à la récupération, elle a quadrillé sa zone de jeu avec réussite. Surtout, elle a été la première roue du carrosse, la plaque tournante dans l’entre-jeu tricolore. Plus enclin à monter que Camille Abily dans un rôle plus défensif, elle a perforé les Britanniques grâce à ses accélérations et sa vision du jeu. Avec un gros bloc axial et des lignes resserrées, il fallait une joueuse capable de faire la différence et créer des brèches. Au contraire d’une Louisa Nécib bien trop discrète, la Lyonnaise a pris ses responsabilités plusieurs fois tout au long du match. Elle a su feinter son adversaire direct, cantonnée au marquage individuel

De plus, le jeu a clairement penché vers son côté, le droit en l’occurrence. Sa relation avec Jessica Houara a été primordiale d’un point de vue offensif. Les deux joueuses ont su accélérer le jeu quand il fallait. En espérant que son genou tienne, elle sera notre joyau au milieu de terrain.

Gaëtane Thiney – Eugénie Le Sommer, ça plane pour elles

À son arrivée, Philippe Bergeroo a fait des tests puis des choix. Il a mis en place son 4-4-2 et a choisi un duo d’attaquantes inédit : Thiney et Le Sommer. Ensemble, elles vont grandir et porter l’attaque des Bleues au fil des rencontres. La Coupe du Monde au Canada est l’occasion de confirmer. Chose faite dès le premier match. Sur le but de la Lyonnaise, c’est une récupération de la Juvisienne qui fait la différence. Tatane lance la Rhodanienne qui fait trembler les filets adverses. Tout au long de la rencontre, les deux comparses vont alterner les rôles. Quand l’une décroche, l’autre reste en pivot ou cherche la profondeur. Et vice-versa.

Plusieurs fois, les deux vont faire preuve d’initiative. Dès qu’elles ont pu se mettre en position de frappes, elles n’ont pas hésité une seule fois. Gaëtane Thiney a démontré sa capacité de jouer dos au jeu (même si elle est plus à l’aise) avec une frappe lointaine en début de match. Face aux cadors de la compétition, les Bleues auront besoin de ce duo si précieux. Et si l’Équipe de France Féminine avait enfin trouvé une vraie attaque ?

Par Charles Chevillard