Allemagne – France : l’analyse tactique

28 juin 2015 Non Par la Rédaction

De l’intensité, du suspens, une séance de tirs au but. Tout est réuni pour faire de ce quart de finale de Coupe du Monde 2015 entre l’Allemagne et la France une rencontre historique. Chose faite, mais le football est cruel. Les Bleues de Philippe Bergeroo se sont inclinées (1-1, 5-4 t.a.b) et voient leur rêve de titre s’envoler. Retour sur la rencontre en deux points.

Le beau jeu contre le réalisme

Il est de réputation que les Bleues jouent un football léché, technique. Dans son 4-4-2 habituel, les Tricolores n’ont pas changé leurs habitudes, ni Philippe Bergeroo. Ce dernier a dû remplacer Laure Boulleau au dernier moment. Touchée, la Parisienne ne participe pas à la rencontre. Amel Majri prend sa place. En face, Silvia Neid garde son 4-2-3-1 avec Celia Sasic en pointe. Elle va rendre encore une copie parfaite. Présente sur le front de l’attaque, elle se balade avec une facilité déconcertante. Toutes les occasions viennent de l’ex-joueuse de Francfort.

Pourtant, la rencontre est dominée par les Bleues même si cela s’équilibre suite à l’ouverture de la marque de Louisa Nécib (64e). Dès la première minute, la Lyonnaise est toute prête d’ouvrir le score. Ce raté est symptomatique des problèmes offensifs français, mais aussi de son jeu. Avec des latérales très hautes en phase offensive, les filles de Philippe Bergeroo en profitent pour prendre la profondeur. Sur son aile droite, Elodie Thomis se régale. La Martiniquaise va faire un match plein sauf que le dernier geste n’est jamais juste. À gauche, Louisa Nécib déborde, mais dézone souvent dans l’axe, une habitude. Finalement, Amel Majri, Eugénie Le Sommer voire Amandine Henry s’occupent d’animer l’aile. Défensivement, les Françaises sont quasi parfaites. L’Allemagne saute le milieu de terrain pour chercher son quatuor offensif. En général, une Allemande est là pour jouer le rôle du pivot, mais les Bleues sont bel et bien présentes. Les ailières (Louisa Nécib et Elodie Thomis) redescendent ainsi qu’Eugénie Le Sommer. Elles étouffent littéralement leurs adversaires et sortent proprement le ballon. Très souvent, Louisa Nécib se retrouve face au jeu et distribue pour ses coéquipières. Sans véritable réussite. Comme d’habitude, Camille Abily régale avec les ballons longs tandis qu’Amandine Henry est dans l’impact. Véritable machine à laver, la Nordiste va faire un match incroyable. Certainement la meilleure milieu du tournoi, elle a éclaboussé la compétition.

Au contraire des Bleues, les Allemandes ne sont pas dans le coup. Elles accumulent les erreurs, les fautes au milieu de terrain et se créent trop peu d’occasions. Les écarts entre les lignes sont bien trop importants. Les filles de Silvia Neid sont étouffées par le pressing français. De plus, la future parisienne Anja Mittag ne joue pas à son niveau habituel. Remplacée par Dzsenifer Marozsan à la mi-temps, cette dernière va changer le visage de l’Allemagne. Elle va bien combiner avec Célia Sasic et sera à l’origine des occasions lorsqu’elles poussent pour revenir dans la partie. En forçant le destin, la Nationalmannschaft va revenir au score par Célia Sasic sur pénalty (1-1, 84e). La suite, vous la connaissez.


Les larmes de Claire Lavogez

Claire Lavogez a 21 ans. Cet été, outre la Coupe du Monde 2015, elle a signé dans le plus grand club français de l’histoire du football féminin français : l’Olympique Lyonnais. Les images de ses larmes ont fait le tour du monde. La milieu offensive a raté son pénalty, permettant à l’Allemagne de s’envoler vers la demi-finale. À 21 ans, la jeune fille a pris ses responsabilités et s’est élancée. Auparavant, elle avait fait une rentrée intéressante. Placée sur une aile ou dans l’axe, elle a amené sa fraicheur et sa qualité technique. Auteur de bons matchs en Bleues, elle s’impose dans le groupe et continue à progresser. Claire Lavogez semble avoir la confiance de Philippe Bergeroo et c’est bien le principal.

Tout le contraire de Gaëtane Thiney. Titulaire tout au long de l’ère Bergeroo, la Juvisienne semblait être un pilier du système tricolore. Après 2 matchs, elle a perdu sa place. Marie-Laure Delie a parfaitement joué son rôle de super-sub. Finalement, « Tatane » n’a jamais retrouvé sa place dans le 11. Pire, elle rate l’immanquable en fin de prolongations, un but tout fait (117e). Toujours PRESQUE décisive, il manque souvent ce coup du destin qui pourrait changer son influence lors des matchs à couperet. Il serait bien aisé de parler uniquement de cette occasion sachant que les Bleues ont seulement cadré 4 tirs sur 24. Bien insuffisant pour une équipe qui veut viser le titre. Qualifiées pour les Jeux olympiques de 2016, les Tricolores devront enfin être réalistes. Quoi qu’il arrive, nous serons toujours là.

Par Charles Chevillard.