Isabelle Lamour, une femme en course pour le CNOSF

Isabelle Lamour, une femme en course pour le CNOSF

1 avril 2017 Non Par Florian Polteau

Alors que Denis Masseglia est en course pour un 3ème mandat et que David Douillet a annoncé également sa candidature, Isabelle Lamour, Présidente de la Fédération Française d’Escrime, s’est elle aussi officiellement lancée dans la course ce mardi 21 mars.

Emotion et proximité. S’il ne fallait retenir que deux mots de la Conférence de Presse d’Isabelle Lamour ce matin du mardi 21 mars au Racing Club de France dans le 7ème arrondissement de Paris, ce seraient ceux-là. Car la Présidente de la Fédération Française d’Escrime est une femme qui porte de l’importance à ses attaches. Membre du club depuis des années, elle avait besoin d’un lieu où elle se sente en confiance pour lancer sa candidature à la Présidence du Comité National Olympique du Sport Français. C’est l’éloignement du CNOSF des préoccupations de fédérations membres qui lui a fait prendre conscience qu’il y avait des choses à faire. Elue Présidente de la FFE en 2013, elle est la seule femme Présidente d’une fédération Olympique en France. Dès son élection, la voilà propulsée dans la foulée au Conseil d’Administration du CNOSF. Malgré sa maigre expérience de 4 années au sein de l’instance qui dirige le sport français, elle se bat pour faire bouger les choses. Et aujourd’hui ce sont sa vision et des valeurs communes avec d’autres Présidents de fédérations qui lui donnent la conviction de se lancer. « Nous étions à un dîner, à un table où nous discutions des soucis du CNOSF… Nos idées convergeaient et à un moment j’ai eu le déclic. J’ai demandé aux présidents autour de moi s’ils seraient prêts à faire confiance à une femme. Ils ont dit oui, et me voilà ! » Autour d’elle, des fédérations modestes mais qui comptent : Tennis de Table, Lutte, Aviron… Et un soutien de poids : Guy Drut, Champion Olympique du 110m haies à Montréal en 1976, ancien Ministre de la Jeunesse et des Sports et membre du Comité International Olympique.

« Le CNOSF fait des projets au fil de l’eau sans vision à long terme, » explique d’entrée Mme Lamour. « Durant ces 4 années au CA, j’ai pu observer, proposer, faire bouger les choses. Mais nous pouvons faire plus, et surtout faire mieux. » Ses priorité sont fixées : gagner les JO 2024 pour Paris, rénover un CNOSF qui n’est plus au service des fédérations, laisser plus de place aux initiatives, construire des passerelles entre disciplines et pratiques (handisport, scolaire…), renforcer le haut niveau (suivi des athlètes, insertion dans la vie active), et avoir une meilleur relation avec les différents ministères. Sur ce dernier point, elle s’estime en rupture avec les deux autres candidats. « Le sport a un impact sur la santé, l’emploi et l’économie, imaginer qu’on peut travailler sans l’Etat, c’est impossible. » A 52 ans, elle est assez jeune pour voir le vent tourner. « On parle d’uberisation de la société, du sport. A nous de profiter de cette opportunité ! » Sa candidature se veut rassembleuse. Selon elle, trop de fédérations sont livrées à elle-même ou ont des discours individualistes. « Les collèges de décisions sont scindés. Il faut plus de dialogues, il faut arriver à rapprocher les points de vue. Je parle de ‘’Maison France’’ parce que le CNOSF doit être un lieu ouvert, un lieu de rencontre. Quand je vois que certaines réunions doivent se faire à l’extérieur… Ce doit être un lieu pour rassembler et dépasser les divergences dans des intérêts communs. »

Face à une assemblée de journalistes mais aussi de représentants de fédérations diverses (STAPS, Sport et Culture…), elle semble parfois un peu décontenancée par les questions. Elle n’élude pas les réponses mais répond parfois de manière un peu évasive. « J’ai des chiffres à vous donner mais si on commence comme ça, on en a pour des heures… » Tout n’est pas encore totalement défini non plus. Mais elle a des idées et tente de répondre à toutes les questions. Sur le cas du CNDS, elle estime qu’il faut travailler avec l’Etat pour réduire les disparités des subventions selon les territoires. Sur la médiatisation, elle attend beaucoup du nouveau contrat de partenariat avec France Télévision qui prend la suite de l’Equipe. Sur la formation, elle souhaite que les nouveaux élus des fédérations, et notamment les Présidents, puissent être eux aussi formés comme n’importe quel cadre technique. Elle n’est pas forcément pour une limitation des mandats : « Si les gens font bien leur travail, pourquoi les limiter ? Denis Masseglia a fait 2 mandats à la tête du CNOSF, ce n’est pas pour ça que je me présente contre lui. C’est parce que je pense qu’aujourd’hui, il faut une autre vision des choses. »

De la part d’une femme, on s’attendait aussi à un programme un peu plus « costaud » sur le sport féminin ou la représentation des femmes dans les instances. En tant qu’ancienne athlète et aujourd’hui dirigeante d’une fédé, avec un mari ancien sportif et aujourd’hui homme politique, elle a une vision personnelle des choses. « Il faut bien prendre en compte la pratique. Dans une journée, nous avons une ou deux vies, mais pas la place pour 3. Vie active, maman, sport, ça fait 3, au minimum. Ce n’est pas tenable. Il faut donc développer des pratiques nouvelles, comme le sport en entreprise. Quand je me suis présentée à la Fédération Française d’Escrime, j’étais la seule candidate, pareil au CNOSF. J’aimerai que les femmes et les jeunes s’investissent, mais pour parler de ma fédé, j’ai invité deux fois les jeunes à venir au conseil d’administration mais ils ne sont jamais venus. Ils préfèrent l’opérationnel, le terrain. » Pas de longs discours donc sur la prise de conscience, d’initiative ou d’éventuels quotas de représentativité. « La formation est la clé. Il y a des fédérations, l’UNSS notamment, qui forment aujourd’hui des arbitres, des dirigeantes jeunes, qui on peut l’espérer, seront à ma place dans 10 ou 15 ans. » Ça fait peut-être un peu long.

Quand on lui demande quels sont ses points forts, elle estime néanmoins qu’être une femme en est un. « C’est une force. Il y a des Présidents de fédérations qui me font confiance et me soutiennent. Nous avons une même vision. » Elle joue la carte de la proximité. Elle met également en avant son expérience : athlète de haut niveau, puis dirigeante, puis Présidente de Fédé et enfin membre du conseil d‘administration du CNOSF. « Je n’y suis que depuis 4 ans, mais j’ai donc une vision plus jeune des objectifs à atteindre. Il y a des compétences à tous les niveaux, il faut désormais les rendre visibles et efficaces. Il faut s’en servir. » Réaliste, elle sait que ce sera dur et évoque une fois la possibilité de ne pas être élue. Mais elle est déterminée. « Si je me lance, c’est que je me sens prête. » La campagne sera courte, il faudra donc aussi être efficace. Rendez-vous en mai pour les élections.