Témoignage : « Ma rencontre avec Céline Dumerc »

Témoignage : « Ma rencontre avec Céline Dumerc »

20 février 2013 Non Par Florian Polteau

Ce mercredi, nous avons décidé de publier le témoignage touchant qu’une lectrice régulière de notre site nous a envoyé. Sandrine, grande fan de basket féminin, a rencontré Céline Dumerc. Une rencontre qui a changé sa vie. Un bel hommage à Caps et à son entourage.

Le témoignage de Sandrine :

Ce dimanche 03 février 2013 restera comme une date marquante pour moi. Oui j’ai rencontré mon idole, oui j’ai réalisé un rêve. Mais pas seulement. Et je souhaite partager ce en quoi cette rencontre sera un tournant de ma vie, de quoi elle en a découlé, et pourquoi elle était si importante, presque vitale.

J’ai 34 ans, je suis Toulousaine, et j’ai joué au Basket de 1984 à 2001, à Cugnaux dans la banlieue toulousaine, club familial aux valeurs tout aussi sportives que chaleureuses. Mes parents me suivaient partout, faisaient partie du bureau, ma sœur m’a même entrainé, et toute la famille était vouée à ma passion. J’ai fais les sélections départementales en Benjamine, ai été prêté au club voisin de Tournefeuille pour jouer en Minimes nationales, puis mon club formateur m’a récupéré pour me surclasser en Séniors à tout juste l’âge de 16 ans ! J’ai joué les « Jeux de l’Avenir » à Tours avec ma sélection régionale, sorte de jeux olympiques à l’époque pour les jeunes sportifs.

En sénior, je me suis retrouvée à jouer avec mes anciens entraineurs et ma sœur. J’étais la « petite » de par mon âge, et la protégée. Le bonheur. J’étais fière de mon sport et de ma condition privilégiée. Je jouais avec l’équipe fanion qui officiait en Nationale 4 à l’époque, puis en Excellence Région. Puis vint l’âge d’entrer en Faculté, avec la problématique de la mobilité pour arriver à l’heure aux entrainements. Ajoutez à cela le début d’une brouille familiale qui se transforma en déchirement complet. Ajoutez le fait que je travaillais dans un bar pour payer mes études. Enfin, ajoutez le fait que notre entraineur de l’époque, et président du club, nous abandonna en cours de saison, pour être remplacé par une de mes coéquipières qui passait son brevet d’entraineur. Une fille au caractère fort, dénouée de tout sentiment d’empathie. Et qui m’avait pris en grippe parce que je ratais des entrainements pour cause de problème de transport, et ne supportait pas que je travaille dans un bar, incompatible pour elle, même si c’était juste un travail, elle ne voulait rien savoir. Et je ne parlais plus à ma famille, le divorce était total. De plus je me blessais à un poignet lors d’un entrainement, après qu’une de mes coéquipières dont j’étais très proche et qui m’apparaissait comme un pilier depuis gamine, me poussa involontairement au sol. Bilan 3 mois d’arrêt. Mixez tout ceci, et ça vous donne un état d’alors, de solitude, de renfermement sur soi, de dépit et de tristesse. Sans la moindre accroche affective et le moindre pilier moral. Je sombrais peu à peu dans un enfermement, et l’issue fatale donna que du jour au lendemain je ne vins plus du tout au gymnase, abandonnant sans mot dire ce qui avait façonné ma vie depuis toute gamine. Le seul équilibre stable que j’avais connu jusqu’alors, la seule chose dont je pouvais être fière dans ma vie. Je perdais ce que j’avais de plus cher au monde par succession d’éléments tristes et accablants, que ma jeunesse et mon déséquilibre affectif, m’empêchèrent de supporter, ma sensibilité surtout, mon manque de force de caractère sans doute aussi. Je ne voulais plus entendre parler du mot Basket. Rongée par la tristesse et la culpabilité.

Puis vint 2003, ou par une rencontre, je me retrouvais à vivre professionnellement d’une autre de mes passions, la musique, en devenant DJ dans une discothèque Tarnaise. Là aussi, comme pour le basket, j’étais assez douée, mais je ne cherchais pas à briller, à être aux sommets, je jouais simplement, passionnément, professionnellement sans chercher à être reconnue. Mais se fût aussi une désillusion quand dès 2010 ce métier fît médiatisé, et dès lors, la façon que j’avais de l’exercer, en donnant, en partageant, en faisant découvrir des choses, en créant une osmose entre mes clients et moi-même, en travaillant en « équipe » avec eux, se transformait en cauchemar. Dès cette période, je me retrouvais à être une Dj parmi les autres, dans une boite quelconque, et mon rôle s’en trouva ringardisé par une nouvelle mentalité de la société, où seuls les gros calibres s’en sortent et attirent. Je sombrais là aussi peu à peu dans une profonde tristesse, déprime, à voir que mon acharnement, mon dévouement, ma générosité, n’avaient plus lieu d’être et n’inspiraient plus aucun intérêt aux yeux de mon nouveau public, de la nouvelle génération. Ils ne venaient écouter que ce qu’ils connaissaient, et je n’avais plus rien à leur faire découvrir parce qu’ils n’en voulaient pas. Mon rôle perdait de sa beauté, de son intérêt. Un coup de plus derrière la tête, une passion de plus qui devenait une contrainte. Dur, invivable, déchirant. 2 ans durant.

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Puis je trouvais un élément salvateur lorsque pendant mes vacances de 2009 et 2011, j’assistais aux exploits télévisés de ce qui deviendra les « Braqueuses ». Un café local retransmettait les matchs à la télé, je découvrais en image une joueuse dont j’avais déjà entendue parler des années en arrière quand je jouais, son nom était apparu plusieurs fois et on la décrivait comme une future grande joueuse. Après mon arrêt, je ne voulais plus entendre parler Basket, ni même voir un match. Trop dur. J’en étais resté à Tarbes et Mirande comme grands clubs de Basket féminin, je découvrais que Bourges avait pris le relais. Comme si ces 10 dernières années j’avais hiberné. Et ce petit bout de femme m’avait ému lorsque je vis un jour, son profond désarroi en équipe de France, sous l’ère Jardel. Les puristes comprendront. Mais le Basket n’était plus une priorité, la musique devenait une contrainte, à part ma vie privée, rien n’avançait, rien ne me faisait plus vibrer, rien ne m’intéressait plus, rien ne me donnait le sourire, rien ne me rendait ma joie de vivre, mon humour, mon esprit conquérant. Jusqu’en 2012 et les JO. Car même si j’en avais souffert, le sport restait une passion, et je ne ratais jamais les grands évènements. On se passera des détails, vous connaissez tous l’histoire de cette quinzaine fabuleuse. Parce que pour ma part, je vis cette épopée d’une manière peu banale. En découvrant cette joueuse conquérante, battante, bénie de la main de Dieu, que rien ne pouvait arrêter, telle un rouleau compresseur qui vivait là le moment le plus aboutit de sa vie, je pris en pleine face ce que communément on appelle le « Syndrome Stendhal », pleurer devant tant de beauté, submergée par l’émotion, et envahie par des souvenirs de joueuses qui remontèrent à la surface. Savoir ce que c’est, à mon niveau bien sûr, que des victoires arrachées au buzzer, sentir que rien ni personne ne peut vous arrêter, que vous vivez quelque chose d’indéfinissable sans vous poser la moindre question, j’ai vécu ça, j’ai connu ça, et comme une révélation, cette petite joueuse d’1m68, inconnue du grand public peu connaisseur du Basket féminin, venait de me faire prendre conscience de quelque chose. En 2 semaines de perfection sportive, elle m’a fait prendre conscience de ma vie, de mes erreurs et de ce que je me devais de faire pour reprendre goût à la vie, la reprendre en main, et trouver mon bonheur. Céline, à travers son jeu, sa hargne, sa rage de vaincre, m’a juste fait comprendre que dans la vie il faut se battre, affronter les épreuves et non les fuir, parce qu’à moment donné, le destin s’en mêle et vous récompense pour vos efforts. A moment donné, si on reste sur sa ligne de conduite, la chance apparait, et le fruit de votre labeur vous est donné. Une telle prise de conscience peut vous paraitre absurde en l’état, mais ce que j’ai traversé dans ma vie, mes blessures les plus intimes, m’ont empêché de connaitre cette prise de conscience plus tôt, et ça a gâché 10 ans de ma vie. Grace à Céline, j’ai pris conscience qu’il faut se battre pour atteindre les sommets et la magnificence. Abandonner face aux embûches ne vous mène qu’à la souffrance, la tristesse, la culpabilité et la solitude. Après ces JO, j’ai repris goût à la balle orange, et repris ma vie en main. J’ai arrêté de travailler en discothèque pour que la musique redevienne une passion et non une contrainte. J’ai repris contact avec ma famille et tout se passe merveilleusement bien. J’ai commencé à m’intéresser de nouveau au championnat de LFB, et depuis je cours tous les articles sur le Basket féminin, et le parcours de celle qui m’a « sauvé ». Je suis sur le point d’acquérir mon propre commerce, et si cela ne se fait pas, je ne baisserai pas les bras, et me battrai pour avoir ce que je souhaite et être heureuse. Comme pour ce fameux dimanche 3 fev, où je savais que Céline venait jouer avec son équipe de Bourges, à Toulouse. C’était l’occasion ou jamais de rencontrer celle qui a donné un coup de pied aux fesses de mon existence, de lui dire merci, tout simplement. Et j’ai tout fait pour y être. Une fois sur place, je compris dès les premières minutes, que le destin allait me récompenser de mes efforts, de ma prise de conscience. Je me trouvais assise un rang en dessous des parents et proches de Céline, par le plus grands des hasards, parmi plus de 2000 personnes. Et quelle ne fût pas ma surprise quand la star du jour arriva, et passa à moins de 20cm de ma jambe gauche pour aller saluer sa famille ! Je n’en revins pas, incapable de bouger, figée, surprise et ébahie par cette vision surréaliste, tant que je n’eu même pas le réflexe d’une photo ! Dès lors je savais que cette journée allait être MA journée…

Durant la rencontre entre les deux équipes, je n’avais d’yeux que pour elle, scrutant ses moindres gestes, ses moindres expressions, tentant d’analyser qui elle était vraiment, qu’est-ce qui faisait d’elle celle qu’elle est. Elle est tout simplement une battante et une passionnée, avec du caractère. Preuve en est sa mère, qui l’encourageant, était quelque peu « agacée » lors des interventions de sa fille auprès des arbitres lors de litiges, disant qu’elle n’aime pas quand elle fait ça, qu’elle « s’en mêle toujours ». Et là je compris une chose, Céline est ce qu’elle est parce qu’elle a un équilibre familial. Capable de l’encenser quand il faut, mais aussi de la « cadrer » quand il le faut aussi. Un équilibre. Un moteur pour avancer, que de se sentir soutenue. J’eu même la petite chance qu’un ballon intercepté par Céline, vienne rouler jusqu’à mes pieds ! A la fin du match, pendant que des centaines de personne oppressaient Céline pour une photo ou autographe, je décidais de rester en retrait, et de discuter avec sa mère et ses tantes. Faire connaissance par procuration, avec celle que j’étais venue saluer. Des gens formidables, fiers, généreux et simples. Oui, simples. C’est donc ça la formule magique, rester simple, tout en allant au bout de ses rêves. 30mn de discussion qui m’ont à nouveau boosté, requinqué. Et je n’étais pas au bout des mes surprises… Nous vîmes Céline partir presqu’en courant vers la sortie du gymnase tant elle était harcelée de toute part, poussé par des fans peu respectueux, et de colère elle lâcha la séance pour aller prendre l’air. Sa mère et nous en fîmes surpris et attristés, elle n’avait même pas pu discuter avec sa propre famille ! Sa mère la rejoignait en zone sécurisée, mais du coup je me retrouvais à n’avoir pas pu l’approcher, la saluer, la remercier, et comme si une entité extérieure s’était emparé de moi, je me surpris à crier un « Madame Dumerc !!!!!!! » au milieu de la foule, et celle-ci me vit et me fit signe de venir ! Un moment surréaliste, qui nous permis à mon amie et moi-même, de nous retrouver dans un couloir avec Céline et ses proches, 7-8 personnes. Incroyable. Et la première personne vers qui je vins, ne fût pas Céline, mais sa mère, à qui je fis une grande accolade chaleureuse, la remerciant 1 million de fois. Céline discutait avec 2 fans, et je restais là, incapable du moindre mot, du moindre mouvement, et ce fût mon amie qui me réveilla, me disant un « et beh ! qu’est-ce que tu attends pour lui parler, elle va partir !! ». Mais ce fut Céline qui vint vers moi avec un large sourire, ce disant que si sa mère m’avait fait rentrer, ce n’était pas pour rien. Je me présentais à elle, d’une voix presque sourde, gênée par le fait qu’elle était si proche de moi, me regardant fixement, les yeux dans les yeux, et malgré mes 5 cm de plus qu’elle, je me sentais toute petite, les épaules rentrées, la tête presque basse, troublée, intimidée… et presqu’idiote de par mon satané manque de confiance en moi… Je sortis mon stylo pour lui faire signer un autographe, ce qu’elle fit gentiment et en me parlant, puis elle se tourna vers une autre personne pour signer avec mon stylo. Et je restais là, hébétée, mon capuchon entre mon pouce et mon index, et ma feuille, regardant autour de moi, puis je sentis quelqu’un me prendre la main, je me retournais, et c’était Céline qui tentait de reboucher le stylo !! Un moment d’à peine 5-6 secondes qui m’a parut une éternité ! Une anecdote, mais j’étais en train de rêver éveillée là… Céline Dumerc me tenait la main !!! Et ce fut même elle qui me demandait si je voulais faire une photo ! Nous en fîmes plusieurs, j’en profitais pour la remercier de tout ce qu’elle avait fait pour moi, dans une courte explication, mais juste qu’elle m’avait rendue la passion pour le Basket. J’avais déjà tout dit à sa maman et sa tante, et je pense que c’est pour cela qu’elles m’ont fait passer dans cette zone. J’ai dû les toucher par mon émotion visible à cet instant. Je débordais de sensations fortes, surtout qu’au même moment, Endy Myem et Emmeline N’Dongue se joignirent à la fête. Je fis d’autres photos avec ces 2 formidables joueuses qui contribuèrent elles aussi à mon nouvel épanouissement. Emmeline plaisantant même en me disant que la prochaine fois elle veut me voir en orange ! Elles commencèrent à se diriger vers la sortie, et Céline me frôla avec un large sourire, me disant au revoir, et je la surpris même, du coin de son œil, à me passer en revue de la tête aux pieds ! Surréaliste là aussi !!

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La famille et les joueuses se dirigèrent vers la salle de réception, je choisis de ne pas suivre, de ne pas abuser de la situation, et préférais dire au revoir à ses tantes et sa maman, avec qui nous nous sommes donné rendez-vous pour le match à Tarbes le 05 Mars prochain, et une de ses tantes me donna même son adresse mail pour rester en contact jusqu’au match, et ainsi se donner rendez-vous sur place. Une telle chaleur humaine m’avait manqué en ce bas monde, et rien que cela m’a fait un bien fou. Céline partait sous mes yeux, criant après sa mère qui discutait avec moi et trainait en route ! Sacré caractère la petite 😉

Fin de cette merveilleuse journée. Et début d’une nouvelle ère. Il me suffira de relire ce texte les jours de baisse de moral pour reprendre des forces. Assurément.

Rdv le 05 mars pour de nouvelles aventures Dumerc-isantes. Encore plus belles j’en suis persuadée.

MERCI CELINE.

Sandrine.